[Action de Greenpeace sur le site d'Elf Atochem à...

[Action de Greenpeace sur le site d'Elf Atochem à Pierre-Bénite (Rhône)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0813B 03
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
descriptionInscription(s) sur l'image : "Le trou dans la / couche d'ozone / a un nom : / Elf Atochem. / Greenpeace" ; "Mr Jacques Puechal / Vos HCFC détruisent / la couche d'ozone. / Greenpeace" (banderoles).
historiqueDes militants du mouvement écologiste Greenpeace ont pénétré [le 30 novembre 1993] sur le site d'Elf Atochem à Pierre-Bénite afin de dénoncer la production de HCFC. Les hydrochlorofluorocarbures sont utilisés comme substituts des CFC, notamment dans les systèmes de refroidissement des réfrigérateurs et congélateurs. Dénonçant leur contribution à la destruction de la couche d'ozone dans la stratosphère, Greenpeace maintient la pression afin d'accélérer le processus visant à imposer aux industriels l'utilisation de produits moins nocifs. Et ce à la veille d'une rencontre des ministres de l'Environnement européens qui doivent se prononcer sur l'élimination de ces composés fluorochlorés.
historiqueUne dizaine de militants français et allemands de Greenpeace se sont introduits, [le 30 novembre 1993], en franchissant sans difficulté un mur d'enceinte sur le site d'Elf Atochem, où ils ont déployé deux énormes banderoles dénonçant la production de HCFC par l'usine de Pierre-Bénite. "Jacques Puéchal, vos HCFC détruisent la couche d'ozone", tel est le message, adressé au patron du groupe chimique, qui est le premier producteur européen d'hydrochlorofluorocarbures. Ces HCFC sont destinés à remplacer les chlorofluorocarbures (CFC) dénoncés par toutes les conventions internationales depuis que le trou dans la couche d'ozone est devenu l'une des hantises de cette fin de siècle. Conformément au protocole de Montréal de 1987, les CFC seront définitivement bannis le 1er janvier 1995 du vocabulaire chimique, des aérosols et des systèmes "froid" des réfrigérateurs. Face à cette échéance, les mastodontes de la chimie ont donc mis au point des formules différentes basées sur la mise en oeuvre d'hydrochlorofluorocarbures, aujourd'hui dénoncés par l'organisation écologiste dans le cadre de sa campagne internationale pour la protection de la couche d'ozone. Par ailleurs, cette nouvelle opération coup de poing intervient alors que le conseil des ministres de l'Environnement de la CEE doit statuer, [le 2 décembre], sur une proposition de la Commission európéenne qui prévoit d'éliminer les HCFC en 2014 et de geler la production du bromure de méthyle. "L'Italie, l'Allemagne, le Danemark ont déjà décidé d'éliminer les HCFC à l'horizon de l'an 2000", explique Géraldine Bouchet, chargée de mission de la campagne "ozone" à Greenpeace. "La France s'oppose farouchement à cette élimination accélérée des HCFC. Le problème est que les HCFC sont toujours des dérivés chlorés qui participent à la destruction de la couche d'ozone. Cette année, les scientifiques de la Nasa ont mesuré une disparition totale de l'ozone stratosphérique entre 13,4 et 18,4 kilomètres d'altitude. Ailleurs, dans la stratosphère, la concentration de l'ozone est passée sous la barre des 100 unités Dobson alors que son équilibre se situe à 270 unités Dobson. Les HCFC ne sont pas moins nocifs que les CFC pour la couche d'ozone. Les industriels ont simplement ajouté une molécule d'hydrogène qui est censée raccourcir la durée de vie des HCFC, donc leur éviter d'atteindre la strastosphère. Seulement, une partie l'atteint toujours. Par ailleurs, la production de HCFC est économiquement et financièrement vouée à la destruction et l'on peut s'en passer". A titre d'exemple, Greenpeace cite le cas des constructeurs allemands Bosch, Siemens, Liebherr et Miele, qui commercialisent déjà des réfrigérateurs refroidis par des systèmes fonctionnant à partir d'hydrocarbures et, notamment, de butane et de propane. "La Banque mondiale vient d'ajouter les hydrocarbures à la liste des substances que les pays en voie de développement peuvent produire grâce aux fonds d'aide internationaux, jusque-là limités aux HCFC et HFC. Les HFC, substituts de la seconde génération, sont sans effet sur la couche d'ozone, mais restent de puissants gaz à effet de serre". Face aux attaques des écologistes, Jean-Pierre Corbeil, directeur de l'établissement Elf Atochem de Pierre-Bénite rappelle que "les HCFC, mis en oeuvre à la suite d'accords internationaux, permettent de résoudre le problème de la couche d'ozone de 97% dans les dix-quinze ans à venir. La recherche prend du temps, ceci explique qu'on ne puisse pas proposer mieux pour l'instant. Plutôt que de ne rien faire, on met en oeuvre ces solutions". Jean-Pierre Corbeil estime également que des "risques" existent dans l'utilisation de composés contenant des gaz explosibles. "Ces risques là, nous ne pouvons pas les prendre". De son côté, la direction parisienne d'Elf Atochem affirme que "les unités de Pierre-Bénite ont été construites pour accélérer l'élimination des CFC. Pierre-Bénite fabrique des substituts fluorochlorés (HCFC) ou uniquement fluorés (HFC) selon les domaines d'application. Les attaques de Greenpeace contre les HCFC sont dénuées de tout argument scientifique reconnu. Au cours d'une réunion des scientifiques compétents" de la Nasa entre autres, "les experts ont unanimement conclu que la contribution des HCFC à la concentration en chlore stratosphérique est particulièrement faible par rapport à celle qui est attribuée aux CFC et autres composés chlorés et bromés d'origine humaine et naturelle". Loin des querelles entre scientifiques et des guerres économiques, Greenpeace se dit "uniquement préoccupé par l'état de la couche d'ozone". Agité comme le spectre de la fin du monde, le fameux "trou" a été découvert par les médias et les écologistes de tous poils en 1985. Depuis, il a déjà fait couler beaucoup d'encre, agitant les débats contradictoires entre scientifiques et servant d'argument aux combats des mouvements alternatifs. Personne ne sait depuis quand, mais il existe. Personne ne sait pourquoi et dans quelle mesure, mais il évolue. Et personne n'en connaît les incidences exactes. Bref, on nage dans le flou le plus total. Haroun Tazieff a beau jurer ses grands dieux que le trou existait déjà lorsqu'en 1956 il conduisait ses premières expéditions dans l'Antarctique, l'éminent vulcanologue a beau affirmer que le "trou" n'est que le prétexte qui sert de théâtre à une gigantesque guerre économique entre les géants de la chimie, la tentation est trop grande. Dans le doute, le "trou" sert d'abord de point d'appui aux arguments de chacun. Source : "Greenpeace plante son pavillon à Elf Atochem" / Marie-Anne Maire in Lyon Figaro, 1er décembre 1993, p.3.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP06450.

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